Origine
Appelé cheval de Barbarie par les auteurs Romains il y a plus
de 2000 ans, le Barbe a toujours été élevé par les tribus nomades (de la Libye au Maroc en passant par la Tunisie et l’Algérie) et depuis longtemps en France.
Physiquement très endurant et supportant sans peine toutes les privations, il quitta très tôt les pays du berceau de race pour rayonner en Italie, Espagne et France sous la selle de guerriers mal
connus donc désignés sous le nom de barbares qui fut aussi attribué aux chevaux Barbes.
Mariée aux chevaux arabes à l’arrivée des tribus arabes venues de l’Est apportant l’islam au Maghreb, la race barbe a une soeur,
l’Arabe-Barbe, cheval plus sportif qui partage son nom et ses registres généalogiques, possédant comme elle un mental exceptionnel, calme et explosif à la fois. Son énergie devenue
légendaire est toujours très simple à canaliser.
Pas toujours très élégant, il est toujours efficace et agréable à
monter.
Zone d'élevage On trouve le Barbe dans tout le Maghreb d’où il est arrivé à pied en France par l’Espagne et en bateau plus tard à Sète et Marseille. Dans l’antiquité, il gagnait déjà en bateau l’Italie, la France et les îles méditerranéennes. Très apprécié dans le Sud-Est de la France où il a “débarqué” en premier, il y est encore élevé en nombre dans les circonscriptions d’Uzès et d’Annecy. Son élevage s’est développé sur un axe sud-est nord-ouest et a gagné aujourd’hui la Bretagne, les Flandres comme l’Artois et le nord-est. |
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A. de Pluvinel et La Guérinière. Les aptitudes de nombreux barbes au dressage sont
indéniables aujourd’hui. |
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Le cheval Barbe a joué un rôle important en Europe occidentale, tout spécialement en Angleterre à partir du XVI siècle. En France, c'est à propos du roi Henri III que l'on cite pour la première fois, au plus haut niveau, le cheval barbe. C’est en effet sur un Barbe qu'il quitta Cracovie, ou il était alors roi de Pologne, pour regagner Paris, lorsque la mort de son frère Charles IX, en 1574, lui laissa le trône de France.
Mais Henri IV va être le premier souverain Français à s'intéresser vraiment aux chevaux barbes et à leur élevage.
Dans "Le Manège Royal", dont il était l'auteur, plusieurs gravures représentent "le Bonnitte". Le Grand Ecuyer en parlait en ces termes
: " C'est le cheval le mieux dressé de la chrétienté, et il est le parangon de tous les chevaux de manège du monde, tant par sa beauté, que pour aller parfaitement, de bonne grâce, jusque
terre à terre et à courbettes “. En Angleterre, Olivier Cromwell, bien qu'opposé aux courses, pratiquait l'élevage, et possédait des juments Barbes qu'il faisait couvrir par l'étalon du Général Fairfax, le fameux " Marocco Barb". En 1650, après le rétablissement de la monarchie, Charles II envoya ses écuyers acheter d'autres juments orientales : ce sont les fameuses "Royale Mares et Barb Mares". Le Barbe continue, par ailleurs, à alimenter les écoles d'équitation. Le duc de Newcastle, le célèbre auteur de la "Méthode Nouvelle et Invention Extraordinaire de dresser les chevaux" exprime toute l'estime qu'il porte à cette race : il nous dit que le barbe est son cheval préféré, il lui donne cette préférence "pour le modèle, la force, son naturel agréable et sa docilité. " En France, sous Louis XIV de nombreuses juments Barbes achetées à Moulay Ismaïl sont mises à la reproduction au Haras royal de Saint Léger en Yvelines. Jacques II, roi d'Angleterre, poursuit la politique de son frère Charles II , et achète à Monsieur Curwen deux étalons Barbes que le sultan du Maroc avait offerts à Louis XIV, et dont avait hérité son fils légitime, le Comte de Toulouse : il s'agit de "Curwen Bay Barb" et de "Toulouse Barb." En 1731, le Bey de Tunis offre au jeune roi Louis XV, huit étalons Barbes; celui-ci ne s'intéresse qu'aux chevaux ramassés et près de terre qu'on appelle des courtauds, il se sépare de Scham, étalon bai, à l'encolure puissante, qui après beaucoup de vicissitudes sera acheté par Lord Godolphin ; il deviendra "Godolphin Barb" et produira avec l'excellente Roxana une extraordinaire descendance dont un des meilleurs chevaux de courses : "Lath" . Naîtront ensuite, du même père, Cade, Regulus et bien d'autres. Ce sont les qualités foncières des Barbes qui, grâce à une sélection sévère par l'épreuve sportive, ont permis aux Anglais de fabriquer le Pur Sang Anglais. Les pédigrées de Matchem, Herod et Eclipse en apportent la preuve. A la fin du XVIIIe siècle, le cheval Barbe, tout en gardant en France une place importante, commence à être concurrencé par l'Arabe. Le Barbe n'est pas en soi contesté ; dans son "Histoire du Cheval" le grand hippologue que fut Ephrem Houel en parle en ces termes : "Le Cheval Barbe a plus de taille que l'Arabe, il a la tête un peu plus longue. Sa poitrine est magnifique, ses membres sont forts et nerveux, son ensemble est merveilleux de grâce et d'élégance. Il a le pied sûr, la course rapide et se plie néanmoins facilement aux travaux les plus compliqués du manège. " Quelques années plus tard, le Général Daumas, écrivait dans son admirable ouvrage "Les Chevaux du Sahara": "Si le Barbe n'a pas les contours arrondis, l'harmonieuse beauté, l'élégance plastique du cheval arabe, on peut dire que ses lignes arrêtées et vigoureuses révèlent d'indiscutables qualités. " Le cheval Barbe mérite mieux peut-être que le cheval arabe qu'on lui applique ces fières et célèbres paroles : " Il peut la faim, il peut la soif ! " |
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